27/03/2008

Travail dans l'ombre: une caméra au coeur du conflit ivoirien

2002. Pour son premier voyage en Afrique, Nigel Walker ne choisit pas la facilité: il se rend au coeur de la Côte d'Ivoire. Le pays est alors en pleine guerre civile. Au gouvernement de Bagbo s'opposent les rebelles du nord, tandis que Charles Blé Goudé, à la tête d'un mouvement paramilitaire soutenu par le gouvernement, manipule la jeunesse. Le jeune caméraman anglais va passer six mois dans le pays et produire "Travail dans l'ombre", un documentaire qui apporte des éclaircissements à ce conflit complexe.



Nigel Walker, pourquoi avez-vous choisi de tourner ce sujet?
Ce qui m'a attiré en Côte d'Ivoire, c'est le manque d'informations à propos de ce pays. Les informations que je trouvais parlaient d'un conflit religieux entre musulmans et chrétiens. Mes recherches m'ont montré que c'était inexact et j'ai trouvé ça irresponsable et dangereux de la part des journalistes de transmettre ces informations. J'ai travaillé en Israël, en Palestine et en Afghanistan, je sais comme la manipulation des images peut être dangereuse. C'est pour ça que j'ai voulu partir en Côte d'Ivoire, pour montrer comment et pourquoi les choses se passent.

Comment s'est passé le tournage?
Le tournage était très difficile. Il y avait une tension très négative, qui m'obligeait à faire des scènes courtes. J'étais menacé quasiment chaque jour car les gens pensaient que j'étais français. Du coup, je mentionnais en permanence que j'étais Américain et je portais bien en évidence un bandana avec le drapeau américain.

A votre avis qui pourrait sauver la situation dans ce pays?
C'est difficile à dire. Personne n'a les mains propres dans ce conflit. Chaque camp a du sang sur les mains. Quant à l'Onu, son action est très restreinte par le gouvernement. Les membres de l'Onu sont très frustrés car ils essaient vraiment d'aider le pays.

Propos recueillis par Pauline Froissart

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