27/03/2008

Silence dans la vallée, hommage aux derniers ouvriers

Silence dans la vallée, l’usine vient de fermer. Nous sommes en octobre 2006 et la petite ville de Nouzonville dans les Ardennes vient de perdre sa dernière grande forge d’estampage.

Un événement qui n’en est pas un dans cette partie de la France habituée aux faillites, fermetures d’usines et délocalisations d’industries jadis puissantes. Et pourtant, Marcel Trillat en fait le sujet de son documentaire. Un reportage engagé pour dénoncer la mort du capitalisme « social » et le passage à un capitalisme plus violent, sauvage, tourné vers le profit. « Ce documentaire est une allégorie de ce qui va se passer dans la France industrielle d’aujourd’hui, explique Marcel Trillat: un pays sans industrie, qui ne produit plus de richesses».

« Ils nous ont tout pris… même la dignité »

Durant un an, le réalisateur s’est immergé aux côtés de ceux qui ont fait vivre la forge, les accompagnant dans une chute douloureuse. Il peint les visages accablés des ouvriers qui ont perdu leur emploi, leurs repères et aussi une grande partie de leur confiance en soi : « Ils nous ont tout pris… même la dignité, témoigne l’un d’entre eux devant l’usine désaffectée, on est dans le fond du trou. Va falloir relever la tête…»
Mais le réalisateur se penche aussi du côté des patrons, qui n’ont pu éviter le rachat et la brutale liquidation de leur entreprise, jusqu’alors familiale. Le reportage est ainsi le croquis d’une forme de patronat social en cours de disparition.
Avec un travail patient et l’aide de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues connus pour leurs travaux sur la bourgeoisie, Marcel Trillat a su s’introduire parmi ceux qui tenaient l’aciérie et recueilli leurs témoignages. Où l’on se rend compte que le désespoir est dans les deux camps. Et qu’une ère s’achève pour l’industrie française.

Pauline Froissart

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