28/03/2008

Regards jeunes sur l'image

Jeudi était la journée des scolaires au festival. Près de mille élèves de la région s’étaient déplacés, quittant leur établissement le temps d’une journée.
Dans le hall d’entrée, ça se bousculait, et près de vingt minutes avant le début de la projection de « Dessine-moi un mouton », la salle Molière était déjà à moitié pleine. Une vision qui a réjoui Florence Fernex, une des deux réalisatrices de ce documentaire. « On n’interroge pas assez les jeunes générations » estime-t-elle.
Son reportage leur donne justement la parole. « Je suis partie d’une anecdote entendue sur la Suisse : des enfants s’étaient brutalisés dans une cour de récréation sur la base d’une affiche qu’ils avaient vue. » Cette affiche représente des moutons blancs, qui chassent un mouton noir de leur territoire. Largement diffusée, elle a été créée à l’initiative de l’UDC, un parti nationaliste qui voulait ainsi promouvoir une de ses idées : l’expulsion des criminels étrangers hors de suisse.

Mouton noir, mouton blanc
L’image, d’un abord ludique, a touché immédiatement les enfants, comme le montre le reportage. Beaucoup d’entre eux, notamment ceux d’origine étrangère se sont sentis visés, voire agressés. « Pourquoi ils m’insultent ? » se demande par exemple Aissata. « J’ai un peu peur que mon père doive retourner dans son pays » confie un autre garçon.
En se glissant dans les salles d’écoles et les cours de récréation, Florence Fernex montre avec talent comment ce dessin qui semble enfantin a soulevé des vagues d’émotion chez les plus jeunes. Un éclairage qui a plu aux élèves du lycée Kernanec, de Marcq-en-Baroeul : « Je ne pensais pas que les enfants pouvaient être touchés à ce point. C’est choquant. » réagit Juliette, qui avoue avoir appris grâce au film la signification de l’expression « mouton noir ». Anaïs a quant à elle jugé le documentaire « pas mal », tandis que sa copine Céline, qui ne connaissait pas cette affaire de moutons a apprécié les explications de la reporter: « ça permet d’éclaircir un peu cette histoire d’affiche ». Mais pas le temps de traîner, les lycéens avaient encore de nombreux films à visionner dans la journée. Dans le top 3 des scolaires : « Urgence Darfour », « le Sac de Nankin » et « le Système Poutine ».

Pauline Froissart

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