Jean-Michel Carré et Jill Emery ont cherché à comprendre comment un simple apparatchik du KGB avait pu devenir le nouveau tsar de la Russie. Pour cela ils ont interviewé des opposants à Poutine, mais aussi des anciens proches du pouvoir. Une démarche parfois difficile tant l’Etat russe est verrouillé.
Les réalisateurs ont patiemment retracé l’ascension de Vladimir Poutine, qui désirait entrer au KGB dès l’âge de 16 ans. Au fil des nominations, il a su rester dans l’ombre du pouvoir, mais toujours « au bon endroit au bon moment ».
Maire adjoint de Saint-Pétersbourg, il est chargé des privatisations. Puis Premier ministre en août 1999, il profite d’une série d’attentats terroristes (finalement attribués au KGB) pour lancer la deuxième guerre de Tchétchénie. Poutine accède ensuite au Kremlin en échange de l’immunité pour Boris Eltsine, et obtient la confiance des oligarques en réussissant l’exploit de se faire passer à la fois pour démocrate et autoritaire, nationaliste et pro-occidental.
Sous couvert de lutte contre la corruption, Poutine a entrepris de détruire la presse indépendante russe, tout comme il a fait envoyer de nombreux oligarques en prison pour fraude.
Les deux arguments de la Russie sont devenus les armes – elle est le deuxième fournisseur mondial – et l’énergie. Vladimir Poutine a compris que le contrôle de l’énergie permet d’influer sur le cours de la politique mondiale. Il a ainsi imposé un Premier ministre à l’Ukraine en échange d’un approvisionnement en gaz, et l’entreprise d’Etat Gazprom est en passe de devenir une sorte de gouvernement mondial.
L’arrivée à la présidence de Medvedev ne changera rien au « système Poutine », d’après Jean-Michel Carré et Jill Emery. Car la logique « liberticide » reste la même.
Selon les réalisateurs, Poutine considère que le démantèlement de l’URSS a été « la pire catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Son but semble alors être de « reconstruire la grande Russie ».
Pour l’homme fort de la Russie, la démocratie doit être dirigée. Il conserve ainsi la mentalité héritée du KGB, que l’on peut résumer en un mot : « contrôle ». Tout ce qui n’est pas contrôlé représente alors un danger potentiel. « Le système Poutine » résume bien la paranoïa du régime : « Un système policier a besoin de deux ennemis : un à l’intérieur, les Tchétchènes, et un à l’extérieur, l’hégémonisme américain.»
Fanny Le Borgne
Images Nathalie Gros
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