26/03/2008

Le documentaire sur Félix Kersten « n’est pas une fiction »

Du jamais vu au Figra. Un documentaire qui utilise des images de reconstitution pour décrire une réalité historique figure parmi les films en compétition.

« C’est la première fois que je programme en compétition un reportage utilisant cette forme d’écriture et ce type de mise en scène », précise Georges Marque-Bouaret, délégué général du festival. Le réalisateur, Emmanuel Amara, a choisi de raconter l’étonnante histoire du docteur Kersten à travers des personnages en chair et en os, filmés par Frank Rabel.

Les acteurs restent silencieux. Le journaliste a voulu valoriser la parole du médecin lui-même à travers la lecture de ses mémoires. Une voix-off accompagne donc les scènes où le chef des SS de l’Allemagne nazie, Himmler, se fait masser le ventre. L’absence de dialogue permet d’éviter le genre « docu-fiction ». « Cela aurait été une fiction si les acteurs avaient pris plus de corps, explique le producteur Arnaud Hamelin. Ici, on a opté pour un docu-reconstitution afin de recréer l’ambiance de l’époque. » Ainsi, les « vraies » images d’archives des camps de concentration alternent avec celles « interprétées » du médecin dans le train blindé d’Himmler. Aux clichés d’époques des mains tendues saluant le Führer succèdent les gros plans des mains nues de Kersten dans le bureau du bourreau.

Georges Marque-Bouaret insiste : « Ce n’est pas un docu-fiction d’après moi. C’est un documentaire qui utilise une reconstitution pour bien expliquer ce qui s’est passé, en recoupant les informations existantes. » Emmanuel Amara a réussi son pari. Un pari de journaliste car il respecte les principes de la profession : raconter une histoire étonnante, en rencontrant à la fois des témoins et des historiens afin de vérifier la véracité des écrits du docteur Kersten et de les porter honnêtement à l’écran. C’est pourquoi Georges Marque Bouaret l’a sélectionné : « pour sa justesse et parce que la reconstitution était nécessaire, tout le contraire d’un artifice ».

Nathalie Gros

Aucun commentaire: