27/03/2008

"L'indifférence est un des plus grands crimes"

Julie Morales n'a "pas dit son dernier mot". Cette jeune femme brune de vingt-sept ans est aussi volontaire que sa silhouette le laisse imaginer. Une grande brune élancée qui va jusqu'au bout de ses rêves, habitée par la "haine pour le système" où l'homme n'a pas sa place, où les pauvres sont marginalisés et où les injustices sont pléthores.

Voilà pour le message. Il lui manquait une voix. Ce sera celle des sinistrés de Tapachula, dans le Chiapas, au Mexique. "Ils m'ont raconté leur histoire, et je me suis dit que j'étais là pour en témoigner", expose Julie au public lycéen après la projection de son documentaire "Tierra Bajo Agua".

Julie Morales s'est "saignée" pour ce reportage. La Française arrive au Districto federal (la capitale mexicaine) en septembre 2005. Un mois plus tard, l'ouragan Stan fait déborder le fleuve Coátan, emportant avec lui les fragiles "cabanes" accrochées à ses rives. À Tapachula, ils sont des milliers accueillis "provisoirement" dans le centre d'hébergement. Tous attendent d'être relogés dans de nouvelles maisons que le gouvernement s'est engagé à construire. Alors que les journalistes locaux ne sont pas autorisés à pénétrer dans ce centre, Julie y passe un mois. Trente jours au cours desquels la jeune femme va gagner la confiance des sinistrés, et se lier d'amitié avec leur défenseur, Roméo.



Résultat, trente heures de rushes et une certitude, le désastre n'est pas seulement dû à l'ouragan, mais surtout aux mesures de prévention qui n'ont pas été mises en place. "Ces dépressions tropicales reviennent tous les ans et les morts pourraient être évités", s'indigne Julie. Celle qui se dit "versée sur les valeurs humanistes" ne supporte pas l'idée que le gouvernement mexicain abandonne ces familles pauvres, qui n'ont d'autre choix que de vivre dans des zones dangereuses. Elle interroge alors les lycéens de l'établissement Kernanec : "Est-ce que c'est une élimination voulue ?"

Et Julie fait mouche. Les lycéens sont touchés par son travail. "Le gouvernement mexicain ferme les yeux alors qu'il devrait plutôt encourager la lutte pour la reconstruction, commente Cyril, 16 ans, c'est son peuple quand même." Son copain Antoine remarque que la reporter a fait preuve de "beaucoup de courage" et lui a donné envie de "penser davantage aux autres".

Avant de se lancer dans des études d'espagnol, Julie rêvait de faire du journalisme ou du cinéma. Trop cher. Son premier documentaire la dispense totalement de cette formation. Julie Morales vient de prouver qu'elle possède toutes les qualités d'un grand reporter : l'écoute, la rigueur et surtout, l'envie de se battre. Le mieux, c'est que c'est contagieux. Son petit ami, Michel Akrich, qui a mis en musique son documentaire, vient de démarrer le tournage de son premier reportage.

Nathalie Gros

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je savais que tu avais fait un reportage julie mais je ne savais pas tout ça. Tu as fais un enorme travail je suis impressionné. Cela fait vraiment reflechir sur notre petite personne. Faisant d'autres bon courage.
Un admirateur

Anonyme a dit…

Et bien merci à l'anonyme alors!!! Julie!